Le mot du Président

Chères pratiquantes et chers pratiquants,

 

                Notre ami Ndeiro, après plusieurs années passées en qualité de Président de l’école Bền Chí à décidé de passer la main et d’embrasser d’autres responsabilités au sein de l’école. Je profite donc de cette occasion pour le remercier, pour les efforts fournis et le temps passé au bénéfice de tous, alors que comme tout un chacun il a d’autres engagements et obligations pour le moins chronophages. Lors de notre dernière assemblée générale, j’ai donc eu l’honneur d’être choisi pour lui succéder.

                Cette passation se fait, vous le savez tous, dans un contexte très particulier en raison de la pandémie et des nouvelles règles sanitaires qui nous sont imposées. Je ne m’attarderais pas sur cet aspect purement technique induit par la situation, mais plutôt sur ce que nous pouvons en tirer de bénéfique pour nous-mêmes, nos élèves et notre vie quotidienne. Je me permets donc de reprendre une phrase que l’un de mes prédécesseurs à cette position avait judicieusement mise en avant ; phrase que Maître Guy Hervé prononce en substance dans ces termes aux nouveaux pratiquants en début de saison : « En franchissant les portes du võ đường (la salle d’entraînement) et en décidant d’embrasser la pratique du Việt Võ Đạo, c’est-à-dire la Voie des Arts Martiaux Vietnamien, vous vous engagez dans la voie la plus difficile qui soit ». Cela me semble être l’essence même de notre pratique dans ce que les maîtres fondateurs ont défini comme étant la « Formation de l’Homme vrai » que je me permets de remplacer aujourd’hui, à titre explicatif, par la « Formation d’un Être accompli », expression qui ne laisse aucun doute sur la vision universelle du sujet, sans aucune discrimination d’aucune sorte. Cela dit, cette phrase introductive ne revêt pas qu’un aspect technique qui se limiterait au seul travail dynamique, dit externe, qu’il est bien entendu indispensable de réaliser et qui peut décourager par la difficulté de l’effort physique qu’il implique. Bien au contraire, cette pratique, cet apprentissage, s’inscrit aussi dans un tout, qui comprend aussi le travail dit interne, la philosophie qui intègre un aspect moral indissociable et peuvent se résumer non exhaustivement par : le respect de toute vie, la bienveillance envers autrui et la recherche d’un équilibre naturel indispensable vers lequel le Đạo doit nous faire tendre et est nécessaire à notre accomplissement physique et spirituel.

                La situation actuelle nous impose donc de nombreuses contraintes qui peuvent sembler entraver notre pratique, notre enseignement, notre progression ainsi que tous les aspects de notre vie quotidienne, familiale et sociale au sens le plus large du terme. Mais a y bien regarder et en prenant du recul et de la hauteur, ce que cela entrave finalement, c’est surtout notre confort et nos petites habitudes. Passons donc outre ces difficultés. Toute épreuve est une grande opportunité de se sublimer, de réinventer ce que nous avions l’habitude de faire et d’en tirer profit pour, plutôt que se lamenter de la situation et y trouver des excuses, laisser de côté une routine quotidienne si facile et confortable en oubliant de se remettre en question. Je vous invite donc à considérer que tout ce qui arrive dans une vie est une chance, et que cette situation particulière en est une de plus, à laquelle notre courage et notre persévérance sont en mesure d’apporter beaucoup à chacun d’entre nous dans notre pratique, mais aussi à nos familles, nos amis, nos collègues et toutes les personnes avec lesquelles nous interagissons au quotidien, car si tel n’est pas le cas le Đạo n’est pas compris dans son ensemble et ne pourra être transmis correctement à ceux qui nous succèderont et seront chargés, lorsque le temps sera venu, de le transmettre à leur tour.

Je vous souhaite à tous une bonne rentrée.

Philippe Stéphan.

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